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"L'Envers du Vin" : Marion Granges, force de la nature.


Une vigneronne à Fully

Nous avons eu le plaisir de rencontrer Marion Granges, du domaine Beudon. Une valaisanne pur souche, et une vigneronne remarquable.


Elle et son époux, Gilles Granges malheureusement décédé, furent les pionniers de la biodynamie dans le Valais en s’installant en 1993, et ainsi les premiers certifiés de la Suisse Romande. Tous deux se sont toujours intéressés à la biologie. Marion fit des études d’horticulture et après avoir rencontré Gilles, se destina à cultiver le raisin avec lui.


Agricultrice avant d’être viticultrice, cultiver du raisin s’est imposé à elle, par amour et aussi par le contexte de l’époque, où les arbres fruitiers et le maraichage disparaissaient au profit des vignes. Convaincus de la nécessité de favoriser la vie dans les cultures, ils conduisirent leur vignoble dans le respect de cette nature, de sorte à ce que le vin du domaine Beudon provient depuis plus de 1970 d’un biotope préservé et sain.


Cabane en bas du téléphérique

Comme un jardin de vignes...


Et ça se voit, les parcelles sont magnifiques et au lieu de rangs d'oignons bien alignés et uniformes, les ceps se dressent et rayonnent sur un tapis volumineux d’herbes, de fleurs et de plantes de toutes sortes. Papillons, abeilles et d’autres insectes lorgnent les baies volumineuses. Il y a même des oiseaux qui trouvent à nicher entre une grappe et un sarment. Les ceps sont hauts, pour permettre le fauchage plus facilement. On peut se faufiler aisément dessous pour passer entre les rangs. C’est une petite jungle de raisins, un jardin enchanteur, où on s’y sent bien.



C’est vrai qu’il doit être agréable d’y vendanger. D’ailleurs Marion accompagne toujours ses ouvriers à la vendange. Et après sa longue journée, la vigneronne s’occupe encore de peser ses fruits. Tout doit partir demain matin. Nous l’aidons pour bouger les caisses et elle nous parle en même temps de son quotidien, de ses soucis et râle contre les chevreuils qui viennent manger ses grappes de raisin.


Les chevreuils sont fans du raisin Beudon, pour le plus grand soucis de sa propriétaire. Ils mettent alors des filets pour les empêcher de passer mais ça ne plaît pas aux voisins car deux oiseaux se sont pris dedans, en l’espace de plusieurs années.


Comme quoi, il est difficile de plaire à tout le monde, et ça même quand on fait de la biodynamie.



La biodiversité avant tout.

Marion ne ramasse pas que du raisin mais aussi des pommes, des poires. Vend ses fruits et du raisin de table, le fameux chasselas à un magasin bio.

« C’est ça la biodynamie, il y a de la diversité ! Si vous n’avez pas de biodiversité ici, je ne sais pas où il y en a ! ».

Les grappes sont parfaites, cueillies avec attention. La vendange n’est pas la même quand c’est pour du raisin de table ou de cuve, là il faut que ce soit nickel. On goûte un grain, la baie est sucrée, tendre à souhait.


Marion nous dit également de nous servir en poires, dans la caisse qui sont trop blettes. Trop mûres pour être envoyées au magasin, elles sont par contre pour nous parfaites sur le moment. Elles exhalent une odeur divine et la chair fond littéralement sous notre dent. Il n’a pas beaucoup plu cet été, elles sont donc toutes petites mais pas moins bonnes pour autant.


Cette femme c’est une force de la nature. Elle puise son bonheur dans l’observation de toute cette biodiversité qui rayonne grâce à elle, et dans cette nature qui a tant à offrir.



Qu'est ce que la biodynamie ?

La biodynamie est une manière de conduire la vigne en se basant sur le cycle de la nature etc. C’est respecter le sol, réfléchir à des pratiques plus respectueuses et réduire au maximum voir supprimer l’ensemble des insecticides/pesticides au profit de traitements naturels, de décoctions etc. Il n’y a pas de science exacte en la matière et chaque vigneron teste ses solutions. Le but est de retrouver un équilibre naturel.



Haut perchés.

Le domaine porte le nom « Beudon », en référence à la falaise qui surplombe les vignes comme un gros beudon/ bidon. Le domaine se situe en haut de cette falaise, et plus de 45 minutes de marche sont nécessaire pour arriver au domaine, qui se dresse tout en haut de la montagne. Les privés ont leur téléphérique mais il n’y a qu’eux qui l’utilisent. Apparemment la marche en vaut le détour, si on a pas trop le vertige et le cœur bien accroché.

« Il faut être fou pour vivre ici ! »

nous dit-elle dans un éclat de rire.


C’est peut être ce que Marion et Gilles étaient, deux fous de nature, de science mais aussi deux fous amoureux qui ont fait de ce domaine leur petit paradis.


Quelques jours après nous revenons voir Marion. Nous l’attendons et la voyons arriver en téléphérique, telle une princesse qui descend de sa tour. Elle nous accueille avec le sourire et avec un petit panier rempli de bouteilles. Le temps est maussade, nous dégustons dans la petite maison en bord du téléphérique.





On a goûté …


Suisse oblige, nous dégustons du fendant. Marion nous sort même une bouteille de 2004 ! Qui même avec de l’oxydation a conservé arômes et acidité. Une très belle surprise !



En rouge, Marion nous ouvre avec fierté une bouteille de « dôle ». La dôle est le nom donné à l’assemblage de gamay et de pinot noir , environ pour moitié chacun. Cet assemblage est traditionnel en Suisse Romande mais perd au fur et à mesure de son authenticité car de plus en plus de caves peu consciencieuses rajoutent d’autres cépages et en font un « fourre tout » peu qualitatif.




Des vins récompensés.

« Il faut sauver la dôle ! » Gros titre d’un article d’une revue de vin. Marion Granges y a sa place puisqu’elle a gagné avec sa dôle de 2016 la troisième place de la meilleure dôle suisse, juste après Marie Thérèse Chappaz, vigneronne reconnue du Valais.



La dôle est pleine de fruits. Cerise noire et mûre, une texture veloutée et de la fraicheur. Un vin tout en délicatesse.



Nous repartons avec un bel aperçu de la biodynamie. Nous nous rendons compte que c’est beaucoup plus qu’une simple manière de conduire les vignes. C’est un engagement personnel, des valeurs de vie qui demandent au préalable patience et réflexion pour atteindre harmonie et équilibre.



Marion Granges, une vigneronne atypique, une force de la nature.





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